Iggy Pop - Nuits de Fourvière 2010

Bon alors pour l'instant je fais un peu du déballage de cartons, mais les bons concerts (à prix raisonnables) se faisant aussi rares que les triples AAA dans la zone euro, je me vois dans l'obligation de poster d'anciennes reviews. Rassurez-vous, il y aura de la viande fraîche la semaine prochaine avec le concert des Kills au Transbo! Et puis je suis pas vache, je poste la review d'un concert de ouf malade mené de main de maître par le grand Iggyyyyyy en personne.

C'était donc aux Nuits de Fourvière à Lyon, endroit magique s'il en est, dans les anciens amphithéâtres romains de la ville.  

Son of Dave:

Première partie improbable: un rouquin tout chétif, vêtu d'une sorte de pyjama de pénitencier cousu d'un gros coeur rouge, se ramène tout seul comme un grand et s'occupe du chant / harmonica / batterie (rythme avec son pied, puis enregistrement et bidouillage de pédales), et petits effets (genre agiter une boîte de conserve et autres ustensiles farfelus)! Il a fait monter un couple sur scène et les a fait s'installer à une table pour boire du champagne, et leur a aussi donné des "instruments" pour participer. Au début tu te dis "mais c'est quoi ce mec?!" et au fait moi, il m'a convaincu, déjà parce que sa musique est carrément pas mal, sa voix et l'harmonica se marient très bien, bon rythme très agréable, et parce qu'il avait la pêche, parlait au public (en français et en anglais), et avait l'air d'un gars très sympa et ouvert. A la fin il fait gonfler une banane géante qui s'est allègrement baladée dans la fosse pendant tout le concert! Enfin se ramener comme ça tout seul (il avait quand même un assistant - sapé de manière tout aussi improbable que lui) en pyjama, et faire au final un truc qui tient la route: chapeau!

Le Maître Pop:

Le rouquin parti, la tension monte. Je précise que j'avais une place de rêve: deuxième rang pile en face du micro situé sur une avancée, sachant qu'à Fourvières ya 50cm entre les barrières et la scène, et au niveau de l'avancée, doit y avoir 30cm à tout casser! En tout cas là, pas de petites intros pour annoncer le groupe, rien, tout à coup, je vois un vieux gars empoigner une guitare, et là boum! je sais même pas d'où il est sorti, Iggy Pop est devant moi!! Gros mouvement d'écrasement, un gros débile demeuré et abruti écrase tout le monde pour se faire une place à la barrière en semant des cadavres sur son passage - sachant que j'avais un deuxième rang en arrivant à 18h30, non seulement son attitude est barbare, mais en plus complètement inutile, parce que s'il voulait vraiment la barrière, il aurait pu largement l'avoir sans écraser personne -__-' Bwef...
Revenons à Iggyyyyyyyyyy. Première réaction: lol ce mec fait ma taille. Mais putain à 63 ans il envoie et il a la classe. Pantalon noir très moulant, boots et un gilet en cuir qu'il a du garder 45 secondes max pour dévoiler son fameux torse et son non moins fameux déhanché qui ma foi reste encore très convaincant. Il bouge comme un dément, court partout, touche les gens, communique avec le public, envoie le feu de Dieu (ou de quiconque se marre en nous regardant de là-haut)!! A un moment il décide de faire monter des gens sur scène et là tout bascule, je n'ai pas pu y aller parce que les gens poussaient tellement que je ne pouvais tout simplement pas bouger d'un millimètre et encore moins lever la jambe (mode dégoûtée ON). Du coup suite au mouvement enragé de la foule, je perd 3 rangs, les mecs sont des vrais fous, ça bourre, ça crowd-surf (putain que je déteste ça), ça saute, ça hurle, un mec devant moi est en pleine transe, on dirait qu'il fait une crise d'épilepsie et il hurle à s'arracher les poumons... Bref un asile psychiatrique à ciel ouvert... Et moi qui tente de survivre au milieu en m'accrochant au t-shirt d'une armoire à glace qui bouge pas d'un millimètre, je m'agrippe à lui comme un naufragé à sa bouée pour pas sombrer au milieu des moshpits.

Quand soudain... Iggy, grand amateur de chaleur humaine, se jette dans la fosse, et là je comprend plus rien, c'est la marée, la tempête, ça brasse tellement que j'ai peur que tout le monde se casse la gueule et que je meure piétinée. Dans le mouvement pour se relever, un mec m'agrippe (sans faire exprès) par la gorge - une cravate pour les amateurs de rugby - et là je panique, j'ai peur pour ma vie, je le mord en essayant de me dégager par pur instinct de survie, il s'excuse, j'étouffe, et un gars très gentil qui veille un peu sur moi depuis un moment propose de me faire sortir. J'accepte, je pensais tenir tout le concert, mais mon défi s'écroule face au manque d'air dans les poumons, les gars très sympas me remontent, je ressors en état de choc, en soufflant comme un boeuf, trempée comme si je sortais d'une piscine, et je vais sur le côté. Reste encore 4 ou 5 chansons délivrées avec la même énergie sauvage et sans compromis. Iggy passe devant les barrières, resaute dans la fosse et y reste quelques  instants pour chanter allongé dans les rangs. Ah oui, et puis pour ceux qui connaissent Fourvière les gens sur les gradins ont des petits coussins fournis par le festival pour pas avoir mal à leur délicat postérieurs. Et bien ces coussins volent sporadiquement depuis un moment déjà, jusqu'à ce que Iggy sourie et fasse un signe de la main pour qu'on en envoie plus... Et là c'est le déluge, les coussins bleus volent dans tous les sens, au bout de quelques minutes la scène disparaît dessous, Iggy a du mal à marcher, manque de se vautrer et se marre bien.
Le concert finit par prendre fin dans de dernières éructations rock'n'roll et se clôt par le feu d'artifice de rigueur (ben oui c'était le 14 juillet en plus): moment absolument magique!

Verdict:  le rock n'est pas mort. Moi presque. Mais didiou ça en valait la peine!

PS: mention spéciale au bassiste qui avait une jambe en plâtre (enfin une attelle quoi)! Comme quoi, le rock ça conserve.